Définition et Expression




 
La folie est dérivée de « lira », le sillon, de sorte que « deliro » signifie proprement s’écarter du sillon, du droit chemin de la raison. On ne peut vraisemblablement pas donner une définition correcte de la folie. En effet, comment caractériser cette maladie que personne ne comprend vraiment, dont tout le monde a peur et qui fascine. Car la folie est d’abord une maladie, même si on la considère comme n’étant Rien, comme un simple discours délirant où ne se manifestent que le vide et le néant de l’erreur.
Les psychiatres la considèrent comme étant pour chacun de nous, une tentation et un danger permanents, et si elle nous effraie tant c’est parce qu’elle réactive notre propre refoulé. L’inquiétude devant la déraison s’accompagne d’une peur spécifique mais également d’une attirance de la folie.
Le XIXe siècle est l’âge d’or de l’aliénisme car les psychiatres et la population ont peur du fou.
Mais la folie n’est pas uniquement une maladie comme le dit la psychiatrie. Les discours savants ont toujours dit du fou que c’est un raté de la forme personnelle normale équilibrée et correcte, mais cela laisse entendre que le fou est un « raté de l’espèce ».
Plus encore, si l’on devait utiliser une métaphore, on pourrait dire que les fous ont grandi avec, toujours présente à l’esprit une « carte », n’ayant que de très lointains rapports avec le monde qu’ils allaient découvrir ; cette carte déformée, les amenant à se comporter de façon étrange.

Les hommes ont peur de la folie mais s’en inspirent.

Le Horla, de Guy de Maupassant est un roman fantastique du XIXe siècle. Dans ce roman écrit sous la forme d’un journal intime, le narrateur se sent dominé par une force qu’il ne peut voir, ni toucher. Le Horla le terrasse la nuit et boit son verre. Le narrateur finira par mettre le feu à sa maison, comme la seule issue possible. Le héros devient fou.

On peut aussi considérer le surréalisme comme une expression artistique de la folie.
Mouvement artistique qu’André Breton définit comme « un automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. »

                                    Dessin de Nadja

Dans Nadja d’André Breton, l’écriture surréaliste est telle qu’il faut s’y reprendre à deux fois pour saisir la portée de ses mots. Ce roman autobiographique narre sa rencontre avec une femme qui dit se prénommer Nadja « parce qu'en russe c'est le commencement du mot espérance, et parce que ce n'en est que le commencement »
Lors d’un rendez – vous, Nadja prédit à André Breton, qu’il écrira un jour un livre qui portera son nom. « Je t'assure. Ne dis pas non. Prends garde : tout s'affaiblit, tout disparaît. De nous il faut que quelque chose reste... » A la fin de son roman, Nadja devient folle, et est internée dans l’Essonne. Breton dira de l'institution psychiatrique que l'on « y fait les fous tout comme dans les maisons de correction on fait les bandits. »
Nadja a donné à André Breton un dessin, où figurent un masque rectangulaire « dont elle ne peut rien dire, sinon qu’il lui apparaît ainsi. », une étoile à cinq branches, un crochet, un cœur, et à droite une bourse. Ce dessin est accompagné d’une légende : L’Attente, L’Envie, L’Amour, L’Argent dont les L sont calligraphiés.


                                                                          Dessin fait par Nadja.


Il serait trop long de parler du surréalisme comme un mouvement en tant que tel. C’est plutôt une révolte, aboutissant à un échec. Le monde continue à tourner comme si les surréalistes n’existaient pas. Les manières de penser et de vivre sur lesquelles ils voulaient agir ne sont en rien transformées par leur action.

Ecriture automatique de Paul Eluard et Benjamin Péret : Proverbes mis au goût du jour (1925)

                                                                       Auteurs surréalistes.

                                   Les éléphants sont contagieux.
                          
                                   Quand un œuf casse des œufs, c’est qu’il n’aime                        pas les
                                   omelettes.
                                   Les grands oiseaux font les petites persiennes.
                                   Rincer l’arbre.
                                   Ne fumez pas le Job ou ne fumez pas.
                                   Il faut battre sa mère pendant qu’elle est jeune.
                                   Les cerises tombent où les textes manquent.
                                   Ecraser deux pavés avec la même mouche.
                                   Tuer n’est jamais voler.
                                   Chien mal peigné s’arrache les poils.
                                   Taquiner le corbillard.
                                   Ne grattez pas le squelette de vos aïeux.


                                   Un rêve sans étoiles est un rêve oublié.

Les surréalistes avait des occupations collectives « en chambre » ; les Cadavres Exquis, le Jeu des Questions et des Réponses, Si, Quand.

Enfin dans Le Parfum de Patrick Süskind, le fou est le personnage principal, Jean – Baptiste Grenouille, homme dépourvu de toute émotion, il ne vit que par l’odeur, et n’en possède pas lui-même. Et plus encore, il reconnaît les odeurs presque imperceptibles et a une excellente mémoire olfactive. Jean – Baptiste Grenouille devient fou, car il tombe amoureux de l’odeur fraiche et jeune d’une femme vierge. Pour parvenir à se créer son propre parfum, et donc son identité, il tue des jeunes filles.
Ce parfum qui est sa propre création ne devient malgré tout, pas son odeur propre, et sans but, il revient sur les lieux de sa naissance, et s’asperge du parfum enivrant. Il mourra dépecé, et mangé par ces hommes et femmes attirés par cette odeur celeste et artificielle semblable à celle d’un ange.